vendredi 12 août 2011

Insomnie, etc.


Adolescent, je terminais souvent mes soirées d'été en regardant un film d'horreur de série B** sur le téléviseur familial, allongé par terre avec un bol de chips et 2-3 canettes de Seven Up.

Les temps ont changé, et je suis devenu plutôt vin rouge, chocolat noir et cappuccino, ce qui a le mérite de me permettre de rester éveillé assez longtemps pour réaliser que je fais peut-être de l'insomnie.

Mais la véritable raison de mon incapacité épisodique à trouver le sommeil tient au fait que je suis atteint de ce qu'on appelle le restless leg syndrom (syndrome des jambes sans repos).

Cette calamité, qui provoque de brusques soubresauts des membres inférieurs (les jambes, je tiens à spécifier) pas plus volontaires que bienvenus, a la joyeuse particularité "d'apparaître (ou de s'aggraver) durant les périodes de repos ou d'inactivité, généralement en position assise ou couchée, les symptômes s'accentuant le soir et la nuit".

Un syndrome à dormir debout.

Comme je ne peux ni rester dans mon lit, ni lire, ni regarder la télé, ni faire des mots croisés lors de ces attaques sournoises de mon système nerveux temporairement out of order, les options restantes sont limitées: déambuler dans la maison comme un mononcle en peine, courir sur mon tapis roulant comme un hamster en overdose de Redbull, ou encore pratiquer la danse folklorique sans musique.

À moins bien entendu que l'Être Aimé ne soit dans une disposition favorable à un exercice infiniment plus ludique. Pour une bonne partie de la nuit.

C'est en général au cours de ces workout nocturnes forcés que mon imagination atteint des sommets délirants d'optimisme (mourrai-je écrasé par un autobus? d'un cancer fulgurant? seul et abandonné de tous au terme d'une lente agonie?), ou d'angoisses existentielles exacerbées (les "États" sont en train de péter au frette, le poulet que j'ai mangé chez St-Hubert a été gavé de gélatine de porc et de carcasses bouillies d'animaux dont je préfère ne pas savoir l'espèce, le béton risque de me tomber sur la tête lorsque je lirai le prochain relevé de mon régime de retraite qui risque de rétrécir comme du bacon dans la poêle).

Au terme de ces nuits-marathon, je finis toutefois par trouver un sommeil relativement paisible, généralement juste avant que le téléphone (un faux numéro) ne sonne au petit matin, et qu'un interlocuteur killer me demande pour la énième fois de parler à une certaine Natasha (que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, et qui semble poursuivie par un nombre effarant de créanciers). Heureusement pour moi, c'est l'Être Aimé qui a répondu au dernier appel de l'interlocuteur killer, et dans mon demi-sommeil, je l'ai vaguement entendu péter les plombs et hurler au préposé haineux "qu'il allait lui-même trouver [ladite] Natasha, lui arracher la tête et la lui apporter sur son bureau, s'il s'avisait de téléphoner encore, ne serait-ce qu'une seule fois.")

Je me suis senti soudainement très reposé.

**Note: les films d'horreur de série B existent toujours, ça s'appelle maintenant "Le Téléjournal".

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