mardi 5 mars 2013

...Cancelled...





Samedi 2 mars, 15h50, Aéroport de Toronto

Agent de bord: Bonjour Madame, dans quelle rangée êtes-vous?
La Madame: Twenty and higher.
Agent de bord: .....

La Madame: On peut-tu aller faire pepi avant que l'avion s'en aille? (SVP dites 'oui', c'est peut-être à notre avantage...)
Agent de bord: Pardon?

Euh...

...Assis au siège 26D du vol 418 qui me ramènera à Montréal, je me remémore les dernières 48 heures de ce mémorable séjour à Terre-Neuve.

Jeudi soir 28 février, chambre d'hôtel, bagages complétés, prêt à partir demain matin 5 heures.

Sur l'écran de mon ordinateur, un mot brille en lettres rouges sur le site web d'Air Canada: "Cancelled". Un peu plus pis ça clignote.

"Appelez le service des réservations au 1-888-vousêtespasprêtsdenousrejoindrebonnechance".

Vendredi 1er mars 12h15 AM: Au téléphone. Une voix masculine de vendeur de char me vante à répétition selon un rythme minutieusement orchestré,  les nombreux mérites et succès d'Air Canada, avec un fond musical qui me donne plutôt envie de s'enfuir en courant. Mon appareil m'informera que j'aurai été pendu au téléphone pendant 2 heures et 8 minutes exactement.

Vers la fin de ces 2 heures huit minutes, un agent me confirme fort gentiment qu'une place m'est réservée sur un vol direct St-John's/Montréal samedi matin. Impeccable ou presque. Je peux donc retourner dormir, et profiterai d'une journée de congé impromptue. Je tombe de sommeil.

2h30 AM: J'avise l'Être Aimé (ça fait longtemps qu'on n'en a pas parlé de celui-là) de cet état de fait, et il me rétorque un peu sèchement (c'est quand même rare, heureusement) qu'il dormait et qu'il n'est pas trop content de cette situation. (Ce malentendu sera réglé ultérieurement en des termes qui demeurent confidentiels).

 Clac! (Bruit du désuet récepteur du téléphone de l'hôtel que je remets brutalement sur son socle).

Vivement le sommeil. 

5h00AM: Drelin, Drelin! (Sonnerie du désuet téléphone de l'hôtel)

Moi: (brumeux et ensommeillé): Allô?
Téléphone: This is your wake-up call...

Un crétin a oublié d'annuler mon wake-up call.

Pour le sommeil, on repassera.

5h30 AM: j'ai faim,  je n'arrive pas à dormir. Deux options s'offrent à moi: les machines distributrices au 4e étage, ou le "Celtic Hearth", un pub ouvert 24 heures à quelques vingt minutes de marche de mon hôtel. Aussi bien y aller, je dormirai après puisqu'aucune obligation ne m'arrachera au lit aujourd'hui.
Seul client dans le pub, j'avale mon déjeuner mais ne digère pas trop la note de 18$ des oeufs-bacon-café-non-inclus. On est encore contraints à la carte 'menus de nuit', et la politique 'prix normaux' ne commence qu'à 7 heures...

7h00 AM: maintenant que je peux dormir, le sommeil me fuit comme la peste.

8h00 AM: Idem

11h00 AM: sous la suggestion de ma fille, voyageuse aguerrie, je profiterai à plein de cette parenthèse imprévue à St-John's, et décide de louer une auto pour explorer les environs. D'ailleurs, un timide soleil perce à travers l'écran brumeux digne d'une toile impressionniste. Sitôt décidé, sitôt fait.

12h15 PM: Aussitôt que je prends le volant de la Sentra de location, une chape de brouillard tombe sur le décor ambiant. Bon. C'est l'heure du lunch, pourquoi ne pas en profiter et visiter cette charmante pizzeria aperçue au centre-ville? Absolument charmant et délicieux. Sauf le ticket de stationnement que je retrouve sur mon pare-brise. Je me croyais samedi, mais le parcomètre (et le policier) savaient, eux, que c'était vendredi.

Inflexible dans mes projets touristiques, je monte tout de même à Cape Spear (Cap d'Espoir). C'est tout de même impressionnant de se retrouver à l'endroit le plus à l'est en Amérique du Nord, mais de ne rien voir, ou presque. Je devine un paysage assez spectaculaire. Mais ça prend beaucoup d'imagination. Sous une pluie torrentielle, je prends quelques photos dans des petits villages aux noms aussi pittoresques que Maddox Cove, Petty Harbour et Quidi Vidi.

À mon retour, j'apprends que mon vol du lendemain matin "is cancelled", et que je dois encore composer le 1-888-commenceàêtrepuscapable. De plus, on prend la peine de m'aviser que "le temps d'attente excède une heure, et que les places disponibles sont extrêmement limitées". Je m'arme de patience et deux heures plus tard, je déclare forfait et décide d'aller manger au restaurant de l'hôtel avec deux collègues d'infortune qui se sont rendues à l'aéroport aujourd'hui, et dont le vol a été cancelled because of the fog.

Le sommeil m'interpelle assez brutalement, je décide donc de dormir et de régler mon cadran à 2h45 AM pour un appel nocturne au centre de réservations.

Samedi 2 mars 2h45 AM: 1-888-sortezmoidicitte, prise 3.  À 1600 km de moi, j'ai l'entière collaboration de l'Être Aimé qui, fort collaborant et sympathique à ma cause, appelle lui aussi au centre. Au moins, si je m'endors au bout du fil, j'ai un back-up.

5h55 AM: "Bonjour, que puis-je faire pour vous?" (Kessé ke t'en penses, le clown???) 
Contre toute attente, j'aurai une place sur le vol de midi, dans exactement 6h05 minutes.

10h05 AM, Aéroport de St-John's: Bagages enregistrés, auto de location remise, je termine un café en me disant que je me sens très léger...Très léger....

...Tellement léger que je réalise que j'ai oublié mon ordinateur portable dans ma chambre d'hôtel...My mind is fogged, je suis sensible à l'environnement....

Heureusement, le personnel de l'hôtel attend déjà mon appel, et un taxi est déjà en route pour me le rapporter.

Beautiful people of Newfoundland, you are amazing and unique!