vendredi 23 août 2013

Simplicité volontaire?

Si j'ai vécu la plus grande partie de ma vie dans une abondance dont je m'estime assez privilégié, je dois dire que les quelques périodes plus frugales de 'simplicité' que j'ai vécues ont été plutôt...involontaires.

Bien que pas gaspilleur, je suis cependant assez peu enclin à la restriction spontanée. J'avoue bien volontiers préférer une journée dans un cinq étoiles, que cinq jours dans un une étoile. Ma maison pourrait loger aisément quelques personnes supplémentaires sans que le besoin d'espace individuel n'en souffre, et je conduis une voiture allemande dont le plus grand mérite n'est certes pas l'économie d'essence et la contribution à l'écologie. Et je fréquente à l'occasion les cinq étoiles. Et je préfère le Cru Bourgeois au vin de dépanneur.

Bref.

Il y a de cela quelques années, j'étais en compagnie d'une joyeuse bande d'amis, sur le bord d'un lac bordé de propriétés dont le standing dénotait un manque de simplicité bien volontaire. Nous étions donc paresseusement installés, chacun ayant son cellulaire 'up-to-date' en main, à discuter de l'endroit où passer l'hiver (serait-ce mieux en Australie, passablement lointaine,  ou alors quelqu'île dans les Caraïbes, ce qui permettrait de revenir plus facilement au Canada si la température devenait subitement assez clémente pour profiter de quelques jours de ski, ou alors des mérites de certains placements versus l'investissement dans l'immobilier dans le moyen terme...Il faut dire que le champagne aidant, les langues se délient. 

Surtout sous un soleil radieux.

La conversation a vite bifurqué sur le concept de 'simplicité volontaire', auquel mes amis et moi avouions en toute candeur en vanter les mérites et en être des adeptes convaincus. 

L'alcool peut altérer le jugement, semble-t-il.

Jusqu'à ce que l'un d'entre nous, dans un éclair de lucidité, ne s'exclame: 'Non mais nous entendez-vous parler?? Simplicité volontaire, HELLO?? On vit comme des millionnaires!"

On a tous éclaté de rire en choeur de l'incongruité flagrante de nos propos, somme toute assez contradictoires mais surtout inconscients.

Tare de baby boomer? Pas certain.

Plus récemment, une connaissance dans la jeune trentaine me demande d'aller la chercher et la reconduire chez elle, ce qui représente pour moi une promenade de 300 kilomètres et plusieurs heures sur l'autoroute 15...et quelques litres d'essence.

...

Offusquée de mon refus, elle m'explique qu'elle n'a pas de voiture 'parce qu'elle choisit de vivre selon le principe de simplicité volontaire et de conscience de l'écologie (principes louables en soi), mais qu'il est hors de question pour elle d'utiliser les transports en commun parce que son temps est trop précieux'.

ET LE MIEN, MON TEMPS?? 

Principes louables, mais l'application l'est-elle autant? Cette simplicité volontaire annoncée est-elle tributaire des ressources de personnes moins conscientisées comme moi? La pensée écologique s'estompe-t-elle lorsqu'une menace au confort de l'ego, si petite soit-elle, devient concrète?

La 'simplicité volontaire' serait-elle, comme l'a si bien souligné Douglas Coupland dans son essai 'Génération X', une sorte de "minimalisme voyant, la non-possession (réelle ou illusoire) de biens matériels étant un critère de supériorité morale ou intellectuelle"?

Entre l'image qu'on a de certains  aspects de nous même et les actes que nous posons dans notre vie, sommes-nous conséquents? Sommes-nous aussi contradictoires et illogiques dans la façon dont nous gérons nos relations, notre vie?

Oscar Wilde disait que l'"on commence par se tromper soi-même; ensuite on trompe les autres."

Se dire la vérité à soi-même, c'est peut-être un premier pas vers l'intégrité?

Et non, je ne pratique pas la simplicité volontaire. 

Et ce, bien volontairement.

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