dimanche 9 octobre 2011

Thanksgiving

Chaque deuxième lundi d'octobre ramène la tradition de l'Action de grâce-ou Thanksgiving-dont l'origine remonte à la nuit des temps. On dit (je tiens à préciser que je n'étais pas sur place pour le vérifier) que "c'était la fête de la Terre-Mère: féconde, abondante, généreuse-la fête de l'automne" (site de Radio-Canada, calendrier d'octobre, fort intéressant d'ailleurs).

Sur ce même site (cliquez sur l'hyperlien, ça vaut la peine, oui, oui!!), on apprendra entre autres qu'en 1621 lors de la première fête officielle de la "Thanksgiving" américaine, un groupe de 140 personnes--des Européens venus s'établir en Amérique et des Indiens (qui les a comptés??)--auraient festoyé et se seraient empiffrés de dinde pendant 3 jours. D'ailleurs, puisqu'il est question de dinde, j'y apprendrai aussi que cet oiseau qu'on trouve ridicule (mais qu'on retrouve sur la table de toutes les matantes de la terre--"une dinde, c'est pratique pour les restants") aurait été prise à tort pour une pintade par Christophe Colomb , et que ladite bête aurait été baptisée "Poule d'Ynde", parce que le cher Colomb (sans jeu de mots) se croyait...aux Indes, bien sûr! (C'est qui le dindon de la farce?)

On est encore loin de la Butterball congelée.

...Paraîtrait même que pour les Amérindiens, le dindon serait symbole de puissance et de virilité: il serait le plus prolifique des volatiles et son cou gonflé évoquerait l'érection phallique! 

Inutile de dire qu'avec cette information, l'expression "Le temps d'une dinde" prend une toute autre saveur.

Mais le plus intéressant est sans doute l'aspect plus méditatif de cette fête dont on néglige le véritable sens...

...Remercier la vie et la nature de son abondance et ses largesses, cultiver le don de soi, réaliser la chance qu'on a d'être là, tout simplement, entouré de gens qu'on aime...

Faire contrepartie à notre propension à focuser sur ce qu'on n'a pas, au lieu de réaliser et de bénir tout ce qu'on a.

Joyeuse Action de grâce!
Happy Thanksgiving!

jeudi 22 septembre 2011

Petites Annonces

Depuis une semaine ou deux, je suis atteint du syndrome "Kijiji". Un site de petites annonces sur lequel on peut annoncer et vendre tout ce qui est vendable (et même ce qui ne l'est pas).  

Le tout a débuté lorsque  l'Être Aimé (on n'en a pas parlé depuis longtemps, on s'en ennuie), a décidé de mettre en location son condo du Plateau Mont-Royal et d'en liquider tous les meubles (ou presque). (Dans cette frénésie et l'agitation qui en découle, j'ai même eu peur de me retrouver moi-même sur Kijiji, pour pas cher, quand ledit Être Aimé s'est impatienté de sa très légère dyslexie lui faisant inverser les chiffres des numéros de téléphone--ce qui lui fait invariablement composer le même faux numéro--et que je lui ai suggéré de simplement mettre des signes de piasses devant chaque chiffre, et que sa dyslexie disparaîtrait ipso facto).


Bref.

Je me suis donc attelé (le mot est faible) à mon ordi, et ai pris grand plaisir à y rédiger des annonces des plus créatives, tels "GRILLE-PAIN "VINTAGE", PIÈCE DE COLLECTION, FONCTIONNE TRÈS BIEN. IDÉAL POUR VOTRE DÉCOR RAFFINÉ", ou encore "SUPERBE LAMPE SUR PIED, BASE DE MÉTAL ET FER FORGÉ, TRÈS ÉLÉGANTE, DONNERA UN CACHET FEUTRÉ À VOTRE SALON"...

Les réponses à ces annonces sont des plus étonnantes, et donnent lieu à une certaine perplexité. Par exemple, pour un frigo: --"Faites-vous la livraison"? --(Bien sûr, tout le monde a un camion dans sa cour arrière...)...--"Les dimensions sont-tu ben ce que vous avez écrit?" --(Bien sûr que non, elles sont totalement erronées, juste pour vous écoeurer...) --"Le système de son y marche-tu?"--(Non, il fait du jogging...) et (généralement une voix nasillarde et désagréable qui rroule les 'rrr'): --"C'est quoi vot' meilleur prix?" --(Le plus cher possible...) 

Mais la palme revient à ce soi-disant couple de la République du Bénin (M. et Mme Vandenbonm), qui se dit intéressé par un bureau et me demande mon numéro de compte pour verser les fonds et payer le tout, shipping inclus. À celui-ci j'ai répondu: 


"Cher Monsieur, voici mon numéro de compte: Gendarmerie Royale du Canada, Division des fraudes par internet, No compte 00-00000-00-000. 

Bonne chance.

mardi 13 septembre 2011

Colorer sa vie...et celle des autres!



J'aime l'automne, les promenades dans la forêt, les matins brumeux, l'odeur des pommes, les feux de foyer, le stilton avec le porto, le icewine, les feuilles insolentes qui se colorent juste avant de tomber, la fraîcheur de l'air, la pluie qui tombe, le cocooning, les vêtements plus chauds, la rentrée, les champignons, les citrouilles, les courges, l'Action de Grâces, les premières gelées, les marchés publics, l'été des Indiens, le soleil qui chauffe mais pas trop, les

manteaux de cuir, l'odeur des sacs d'école, les plats mijotés, le vin rouge, le chocolat noir, les bourrasques de vent, les graminées,  le latte citrouille de chez Starbucks, les chandails de laine, lire en regardant les feuilles tomber, écouter du jazz, du Debussy, le belvédère du lac Monroe qui offre une vue spendide sur le versant nord du Mont-Tremblant, la soupe, le crumble aux pommes, la canelle...

Et tant d'autres choses encore...


jeudi 1 septembre 2011

'Tassez-vous pas PARSONNE'


Je me souviens avoir lu quelque part que la politesse "met de l'huile dans les rouages de la communication".

Il y a une sérieuse pénurie d'huile par les temps qui courent.

Il se passe rarement une journée sans que je ne constate la généralisation de l'ère de "l'ego gonflé à l'hélium".

Et non, ce n'est pas seulement 'les jeunes'.

Le spectre est large, et englobe autant les teenagers que les nonagénaires au bord de la tombe, toutes classes sociales confondues.

Quelques exemples au hasard de mon quotidien des dernières semaines:

- J'attends en ligne à la caisse d'un commerce. On ouvre une caisse supplémentaire. Est-ce qu'on respecte l'ordre d'arrivée des clients? Non. Des hordes de madames vernies et bien coiffées se garrochent à la nouvelle caisse en heurtant tout le monde, et surtout en prenant bien garde de pas regarder autour d'elles. (Dans le stationnement, elles me rentreront pratiquement dedans en reculant leur Mercedes décapotable).

- Aéroport de Toronto. Je règle un petit problème avec une agente d'Air Canada très aimable et fort aidante. À deux reprises, sans tenir compte que l'employée est déjà occupée avec moi, des jerks (en costume Hugo Boss) surgis de nulle part, aboient derrière moi un "where is my gate" et un "can you change my seat", sans même prendre la peine de précéder leur jappement d'un "excuse me" qui atténuerait un tant soit peu l'arrogance (mais là, j'en demande beaucoup!)

- Sur une piste cyclable, dans un segment à deux voies. Un cycliste roule à grande vitesse en sens inverse, et double un autre cycliste. Au lieu de ralentir, il manque me rentrer dedans et hurle un 'tassez vous pas PARSONNE' avec l'air d'un bouledogue enragé.

J'ai sans doute oublié que la piste lui appartient.

- Sonnerie de téléphone. Je réponds. Première chose qu'on me demande:

-"Qui parle?"

- "À qui voulez-vous parler?"

-"C'est-tu Normaaaaand?"

-"Non".

CLAC! L'épaisse a raccroché.

Me, me, me, me.

Pus capable!

Heureusement j'écris. Et je ris.

Et y a encore du ben bon monde.

jeudi 25 août 2011

Niagara


Scène I

La scène se passe au milieu d'une faune touristique légèrement malodorante, près de la rambarde qui surplombe les chutes Niagara.

Je suis tranquillement appuyé sur la rambarde, en train de prendre une photo, lorsqu'un jeune étudiant en petit imperméable jaune, le visage affublé de quelques longs poils qui pourraient se compter sur les doigts d'une main, se détache de son groupe (il voyage en groupe) et s'avance vers moi:

-LUI: "You must leave this spot because I want to have my picture taken."
-MOI: "????"
-LUI: "Sir, you must leave this spot right now because I want to have my picture taken."

Sous une mascarade d'extrême politesse, le ton est péremptoire et ne supporte pas la contradiction, héritage probable d'une éducation d'enfant-roi.

Ma tension artérielle augmente sans crier gare, et je le regarde fixement.

-LUI: "Sir, do you hear me?"

Ce que j'entends surtout, c'est le "fwoooooof" d'une décharge d'adrénaline subite, et le coup de tonnerre fulgurant de mon cerveau reptilien prenant les commandes de mon esprit sans crier gare.

Pendant un très court instant, devenu tout à fait primaire, je m'imagine en close-up l'envoyer valser par-dessus la rambarde, petit imperméable jaune et poils de barbe flottant au vent.

Heureusement, la vision est furtive et je redeviens vite une bête civilisée.

-MOI: "Yes, of course, I hear you very, very clearly", lui rèponds-je avec mon sourire le plus radieux.

Je sens que je vais rester très longtemps sur le spot convoité, et que j'aurai besoin de niagaras de précautions pour bien cadrer ma photo, analyser la lumière ambiante et expérimenter différents angles d'approche.

Je procède.

Mon héros semble étonné de ce soubresaut de l'univers, qui a cessé momentanément ne plus tourner autour de lui. Il s'éloigne avec une moue dégoûtée, et regagne son groupe.

Perhaps he heard me?

Interlude

Près des chutes. Un Tim Horton déjanté dans un mail non moins déjanté. J'attends en ligne pour un 'small coffee', et j'aperçois une petite affiche ainsi rédigée:

"Please respect the line/S'il vous plaît respectez la queue"

You bet.

Scène II

La scène se passe dans un minuscule café de Chippawa, non loin des chutes Niagara, au moment de régler l'addition de mon repas.

Les propriétaires, couple improbable constitué d'un sexagénaire obèse et un peu lunatique, et d'une matrone philippine d'une politesse un peu 'over' (sauf avec son mari), ont une discussion orageuse sur la composition du repas que je viens de terminer avec mon amie.

On dirait que je ne suis pas là.

-ELLE: "They both had the soup and sandwich combo."
-LUI: No, he had the combo, and she..."
-ELLE, légèrement tendue: "No, they had two combos."
-MOI, couvert par les éclats de voix du couple en dérive: "I had one combo, my friend had the soup and a..."
-ELLE, au bord de la crise de nerfs: "No, you had two combos and..."
-LUI, un peu perdu: "They..."
-ELLE, véritable obsédée du combo: "They had two 6.99$ combos and.."

Là, c'est assez, je pète les plombs.

"Listen, Madame, I had ONE combo, and my friend had a soup and that little cheese and spinach rubber thing that your husband heated in the microwave right here."

(Poli, je me retiens de rajouter: "and hardly edible".)

And no beverages."

(Non mais, est-ce que j'ai l'air d'un gars qui veut se pousser d'un resto en essayant d'économiser une piasse quatre-vingt-dix-neuf sur sa facture???)

Silence de mort.

-ELLE, obséquieuse: Oh, I am sorry Sir, I mixed your order with the customers at the other table."

On était quatre dans le café.

La scène se clôt sur des niagaras de "I am sorry, sir, I am sorry, sir..."

Un peu plus et elle m'embrasse les pieds.

En tout cas, j'ai économisé sur le pourboire.

mardi 16 août 2011

Méli-Mélo


J'adore l'imprévu.

Surtout lorsqu'il n'est pas planifié.

L'autre soir, on retrouvait à notre table l'amie humoriste (qui est venue chez nous au moins quinze fois et qu'on ramasse 10 kilomètres plus loin parce qu'elle de trouve pas le chemin), son neveu (pas humoriste pour deux sous, mais plein d'humour), et une charmante jeune pianiste anglophone venue chez moi pour un stage, (qui elle aussi se trompe de chemin et que je récupère dans la cour d'un lointain Rona).

Avec l'Être Aimé et moi, on est quand même juste cinq, mais on a l'impression d'être au moins douze.

On est pas mal passionnés, par chez-nous.

Notre comique accueille la jeune anglophone par un "Exquiouse mi botte mâï ègnegliche ize vèré cheap" qui provoque une explosion de rire.

La glace est cassée et la soirée se poursuivra sur cette joyeuse lancée. Les conversations fusent, tantôt en français, tantôt en anglais.

On dirait aussi que le vin fait sauter la barrière des langues. On fait connaissance, on sonde les sensibilités, on parle de la vie.

Une tarte maison aux "bleuets-de-l'Abitibi", un espresso, le repas s'achève déjà.

Le calme revient, et la douceur de la nuit enveloppe le souvenir de cette soirée d'août...

vendredi 12 août 2011

Insomnie, etc.


Adolescent, je terminais souvent mes soirées d'été en regardant un film d'horreur de série B** sur le téléviseur familial, allongé par terre avec un bol de chips et 2-3 canettes de Seven Up.

Les temps ont changé, et je suis devenu plutôt vin rouge, chocolat noir et cappuccino, ce qui a le mérite de me permettre de rester éveillé assez longtemps pour réaliser que je fais peut-être de l'insomnie.

Mais la véritable raison de mon incapacité épisodique à trouver le sommeil tient au fait que je suis atteint de ce qu'on appelle le restless leg syndrom (syndrome des jambes sans repos).

Cette calamité, qui provoque de brusques soubresauts des membres inférieurs (les jambes, je tiens à spécifier) pas plus volontaires que bienvenus, a la joyeuse particularité "d'apparaître (ou de s'aggraver) durant les périodes de repos ou d'inactivité, généralement en position assise ou couchée, les symptômes s'accentuant le soir et la nuit".

Un syndrome à dormir debout.

Comme je ne peux ni rester dans mon lit, ni lire, ni regarder la télé, ni faire des mots croisés lors de ces attaques sournoises de mon système nerveux temporairement out of order, les options restantes sont limitées: déambuler dans la maison comme un mononcle en peine, courir sur mon tapis roulant comme un hamster en overdose de Redbull, ou encore pratiquer la danse folklorique sans musique.

À moins bien entendu que l'Être Aimé ne soit dans une disposition favorable à un exercice infiniment plus ludique. Pour une bonne partie de la nuit.

C'est en général au cours de ces workout nocturnes forcés que mon imagination atteint des sommets délirants d'optimisme (mourrai-je écrasé par un autobus? d'un cancer fulgurant? seul et abandonné de tous au terme d'une lente agonie?), ou d'angoisses existentielles exacerbées (les "États" sont en train de péter au frette, le poulet que j'ai mangé chez St-Hubert a été gavé de gélatine de porc et de carcasses bouillies d'animaux dont je préfère ne pas savoir l'espèce, le béton risque de me tomber sur la tête lorsque je lirai le prochain relevé de mon régime de retraite qui risque de rétrécir comme du bacon dans la poêle).

Au terme de ces nuits-marathon, je finis toutefois par trouver un sommeil relativement paisible, généralement juste avant que le téléphone (un faux numéro) ne sonne au petit matin, et qu'un interlocuteur killer me demande pour la énième fois de parler à une certaine Natasha (que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, et qui semble poursuivie par un nombre effarant de créanciers). Heureusement pour moi, c'est l'Être Aimé qui a répondu au dernier appel de l'interlocuteur killer, et dans mon demi-sommeil, je l'ai vaguement entendu péter les plombs et hurler au préposé haineux "qu'il allait lui-même trouver [ladite] Natasha, lui arracher la tête et la lui apporter sur son bureau, s'il s'avisait de téléphoner encore, ne serait-ce qu'une seule fois.")

Je me suis senti soudainement très reposé.

**Note: les films d'horreur de série B existent toujours, ça s'appelle maintenant "Le Téléjournal".

lundi 8 août 2011

Renversé aux framboises


1. La cueillette

Depuis la mi-juillet, les framboises semblent se multiplier au fil de mes cueillettes, pourtant relativement rapprochées.

Vaguement coupable après une absence de deux jours (surtout après que l'Être Aimé m'eût rappelé au départ qu'il "faudra les cueillir dès le retour pour ne pas les perdre"), j'ai rassemblé courage et contenant de plastique, et me suis vaillamment mis au travail. (J'aurai eu soin d'avoir sur moi mon smartphone, ce qui m'obligera à quelques pauses savamment planifiées. Par exemple, un retour d'appel de mon accordeur de piano, quelques textos auxquels la politesse la plus élémentaire m'oblige à répondre sans délai, un soudain intérêt pour la valeur nutritionnelle desdites framboises, dont j'apprendrai en "googlant"--toujours sur mon smartphone--que):

"framboises et mûres se déclinent en plusieurs couleurs, grosseurs, textures et saveurs. Leur forte teneur en antioxydants contribue à prévenir les maladies cardiovasculaires, les cancers et diverses maladies chroniques"(...)

Rassuré sur l'incidence de ma cueillette sur mon espérance de vie, (antioxydants et exercice physique confondus), j'ignore mon smartphone pour quelques minutes, et j'arrive à remplir la moitié de mon contenant (somme toute assez volumineux).

Soucieux de pas gaspiller un fruit aussi bénéfique pour la santé, je pense tout à coup à la recette de gâteau renversé aux framboises que ma belle-mère Mona m'a fait parvenir par courriel, et je la révise (toujours sur mon smartphone) tout en récupérant de ma cueillette (après une baignade qui aura atténué les démangeaisons provoquées par les piqûres de moustiques).

2. La recette

On aura eu soin de mettre deux casseaux de framboises (l'équivalent de 45 minutes de cueillette à un rythme nonchalamment frénétique) dans un moule en pyrex de 8 x 13 pouces, que l'on saupoudre avec 1/4 de tasse de sucre (un peu plus si on est un peu déprimé, un peu moins si on prend du Ritalin).

On met de côté, sans toutefois oublier complètement.

Après une petite pause (que l'on peut consacrer à la visite de sa page facebook, à démarrer une brassée de lavage ou encore à jouer un Prélude de Debussy), on pourra procéder à la préparation de la pâte à gâteau.

Dans un grand bol (on comprendra par la suite pourquoi), on aura fait ramollir du beurre, "gros comme un oeuf", auquel on ajoutera un oeuf battu. Si on tient à optimiser sa force musculaire et son cardio, on battra le tout manuellement au fouet, jusqu'à obtention d'une texture veloutée et homogène. (Ça correspond habituellement au moment où on n'en peut plus).

À ce mélange à la texture de rêve, on ajoutera une demi-tasse de sucre (en oblitérant furtivement le dernier chapitre de La mort lente par le sucre de Jean Paul Du Ruisseau), et on mélangera encore, si on survit.

La planification étant un gage de succès, on aura pris soin de tamiser dans un bol moyen, 1 cuillerée à thé de poudre à pâte avec une tasse de farine. Dans une tasse à mesurer qui traîne un peu plus loin sur le comptoir, on aura soigneusement mesuré une demi-tasse de lait, et on y rajoutera d'un geste expert un soupçon de vanille.

Si vous êtes capable de repérer le grand bol du début (qui devrait toujours contenir beurre, oeufs et sucre) dans le capharnaüm de votre cuisine, toutes mes félicitations.

Nous voici à une étape cruciale de la confection du gâteau. Notons bien ceci: on ajoute (dans le grand bol du début dont on saisit maintenant le pourquoi) le mélange de farine, en alternant avec le lait. Ma mère procédait comme suit: farine-lait-farine-lait-farine. "On commence et on finit par les ingrédients secs". Et à chaque addition, on brasse, mais sans tourner ("il faut plier la pâte", disait-elle, et sa voix résonne encore dans ma tête, près d'un demi-siècle plus tard).

En principe à cette étape, on aimerait bien une pause, mais il nous faudra attendre encore un peu.

On est maintenant prêt à verser la pâte sur les framboises, en ayant soin de bien couvrir tous les fruits. Généralement, si on n'a pas trop mangé de pâte en cours de route, il devrait y en avoir assez, et on peut toujours l'étaler avec un couteau, ça aide.

Le four préalablement chauffé à 350 degrés sera en état de recevoir notre gâteau, et on l'y laisse dorer environ 40 minutes, sans crème à bronzer. Généralement, on dit que le gâteau est cuit si un couteau en ressort propre. Mais plusieurs conditions s'appliquent: primo, le couteau ne doit pas être planté dans le gâteau pendant la cuisson; secundo, le couteau doit être propre au moment de percer le dessus du gâteau. Tertio, même si votre couteau en ressort propre, lavez-le tout de même, vos invités vous en sauront gré.

On est prêt pour la pause (la vaisselle attendra).

On suggère un verre de vin blanc, par exemple. (Le Wolf Blass Yellow Label Chardonnay 2006 d'Australie serait intéressant, mais vu son prix un peu élevé, on conseille le Barefoot California, Pinot Grigio 2008, nettement moins dispendieux).

Après votre verre de vin blanc et quelques chapitres de votre roman en cours (dans mon cas, "Le jeu de l'ange" de Carlos Ruiz Zafon, excellente suggestion de mon ami Bruno), le gâteau sera bien refroidi. Il faut alors prendre son courage à deux mains, passer un couteau (propre) le long de la paroi intérieure du moule, mettre une grande assiette sur le moule, tenir le tout à deux mains, et faire culbuter le moule de telle sorte que l'assiette se trouvera maintenant sur le comptoir. En principe, on pourra observer (via le moule en pyrex) le gâteau obéir aux lois de la gravité. Sinon, on frappera le moule (sans le casser), et on espérera. Si le gâteau ne quitte pas le moule malgré toutes ces tentatives, c'est généralement parce que vous n'êtes pas chanceux.

Avec crème glacée, fouettée ou toute autre garniture, on déguste et on aime, tout en lisant les articles sur les bienfaits des petits fruits.

La semaine prochaine, ce sera déjà le temps des mûres.


mercredi 3 août 2011

Journée flottante


Certaines journées me semblent flotter dans le temps, comme si un caprice de la nature provoquait une sorte d'arrêt sur image.

Hier, c'était le cas. La journée m'est apparue comme une sorte de parenthèse qui encercle des petites bulles de vie, dans un rythme improvisé et mouvant.

Le feeling est plutôt agréable, comme une sorte de nowhere state of mind.

Il y a eu le jardinage matinal.

Il y a eu Bach et Liszt au piano en après-midi. Joués par une Yogane de 15 ans dont le jeu a bien mûri lors d'un stage de piano intensif. (On aime ça!)

Il y a eu les amis qui s'amènent avec le champagne. Une Sylvie rayonnante qui colore le quotidien de mille feux, un Bruno artiste, passionné de musique et de lecture qui partage ses plus récentes trouvailles.

Il y a Louis (arrivé en trombe pour le champagne), qui dévore littéralement le roman de l'heure, et qui ponctue sa lecture d'éloquentes onomatopées.

Il a aimé. (Il a même écrit à l'auteur).

La parenthèse s'est refermée avec le coucher du soleil...

Aujourd'hui sera plus linéaire, je pense.


lundi 1 août 2011

Kayak


J'ai une légère phobie de l'eau, mais on me passerait sur le corps avant que je ne l'admette.

Aussi, quand l'Être Aimé m'a proposé une excursion en kayak, j'ai accepté tout de go (j'ai même failli en remettre, et lui proposer de descendre des rapides, mais il y a tout de même des limites à pousser sa chance).

Un lac fera très bien l'affaire (dommage, il n'est pas gelé).

Qui plus est, je me suis dit que "KAYAK" à l'envers, ça reste toujours "KAYAK".

On s'est donc retrouvé à quelques kilomètres de la maison, à l'Estérel, "...ultime hôtel-boutique de villégiature des Laurentides" selon le dépliant publicitaire. (Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi il faut que tout soit toujours "ultime" ou "fabuleux"...ce qui me fait d'ailleurs penser que je suis toujours un peu perplexe devant un paquet de gomme à mâcher qualifié d'"extrême".

Passons.

Toujours est-il qu'on se retrouve à pagayer sur le lac, s'extasiant devant les demeures "ultimes" "fabuleuses", "incroyables" et "extrêmes" qui surgissent au tournant de chaque petite baie.

Elles sont pour la plupart fabuleusement vides aussi.

Faisant fi des seadoos, sortes de tape-culs qui avancent à toute vitesse et frappent l'eau avec un bruit détestable, mon coup de pagaie s'améliore sensiblement et je commence à oublier les crampes incommodantes qui avaient joyeusement accompagné le début de notre excursion. (Je dois dire que les conseils de l'Être Aimé de "cesser de tenir la pagaie par le milieu" ont porté fruit, et que mon rapport "confort-efficacité" s'est grandement bonifié).

Une halte bienvenue: on accoste (sans heurt) sur le quai repéré de nos bons amis Phil et Nath, et on pique une tête (les pieds d'abord dans mon cas) dans le lac.

C'est déjà le retour, coup de soleil** en prime, et bronzage en "habitant" qui me donne l'air d'une brique de crème glacée napolitaine (vanille, fraise, chocolat).

On s'installe sur la "fabuleuse terrasse ultimement tournée vers l'incroyable lac" (sans blague, l'endroit est fameux). Atmosphère de fête, air de vacances. Le soleil tape fort, l'ombre des parasols est très courue. Un raseur de premier ordre tente une amorce de conversation, je m'éclipse avec l'addition.

Comme quoi l'été, c'est fabuleux.

**Si vous sortez au soleil pour la première fois de l'été, soyez prévoyants et armez-vous de crème protectrice portant l'indice "extrême".

samedi 30 juillet 2011

Improvisations


Entre les Préludes de Debussy et quelques-unes des Variations Goldberg que je travaille (plutôt tièdement il faut dire) ces temps-ci (un peu de vacances, quand même, et la cueillette des framboises ne peut pas vraiment attendre), il m'arrive de m'épivarder (comme l'aurait dit ma mère) et de tenter quelques incursions dans le domaine de l'improvisation. Pour le classicaly trained nerd que je suis depuis maintenant plus de quarante-cinq ans (aïe aïe aïe), j'avoue que cette expérience me plaît beaucoup, malgré des débuts quelque peu cahotiques. D'abord furtivement, timidement, je tente quelques accords, que je m'empresse de passer à la moulinette de mon implacable jugement de pianiste et pédagogue aguerri...(ça n'a pas de substance, c'est n'importe quoi, tu imites qui là? ça déjà été fait, et cent fois mieux que tu ne peux le faire,) et autres joyeusetés aussi encourageantes et positives.

Bon.

Je passe le cap de l'auto flagellation et...je commence à y prendre plaisir. Je laisse aller mes doigts, je ferme les yeux (de toute façon je joue toujours les yeux fermés) et mon cerveau déclare miraculeusement forfait pour simplement...être, exister, faire de la musique, vivre le moment présent...Surmonter les barrières inventées, me surprendre moi-même et emprunter des chemins moins fréquentés...Ne pas tout prévoir...J'aime assez l'expérience pour que naisse le désir de recommencer...

Pour venir à bout de l’auto-jugement, c’est incontournable !

vendredi 29 juillet 2011

Café Viva


C'est un lieu de rendez-vous, dans une ville dépourvue de centre.

On aime s'y retrouver après une journée de boulot. Et même parfois, pour clore une journée sans boulot.

Le décor est moderne, les vastes baies vitrées s'ouvrent sur une terrasse en "L" qui donne sur un charmant espace jardin-bar, comme on en retrouve parfois dans les 'all-inclusive' des Caraïbes. L'autre côté du "L" donne sur la 117, mais on oublie bien vite le bruit du trafic. (Par exemple, on se concentre sur l'être aimé qui nous accompagne, ou encore, dans le cas où notre compagnon de repas serait moins captivant et moins coloré, on peut dévier notre attention sur une assiette généralement présentée avec beaucoup d'élégance, ou espionner du coin de l'oeil ses voisins de table, et taper leurs conversations intimes).

Un petit raté à l'accueil, qui donne lieu à un léger moment de tension (je pompe relativement vite quand on me propose obséquieusement la table la plus loser en me faisant sentir coupable de n'être pas dupe).

L'incident est vite réglé, ma tension artérielle redevient normale et mon pouls plus régulier.

Le souper sera agréable.

Une appétissante odeur de grillade venant du coin-bar accompagne délicieusement le repas en plein air. On déguste lentement, en faisant le bilan de nos journées respectives. Le serveur connu nous salue aimablement au passage.

Un couple qui semble tout juste sorti d'un épisode de Beautés désespérées fait une entrée remarquée sur la terrasse. Elle, chaussée de stilettos jaunes et parée d'une robe plutôt compliquée mettant en valeur un bronzage de salon couleur carotte; lui, chaussé de sandales blanches et vêtu d'un costume de lin blanc très légèrement jauni qui le fait ressembler à un disciple de Raël.

On fait connaissance avec nos voisins de table: des gens sympathiques et exquis.

Le service est impeccable, on se sent choyé.

Le café s'allonge, il est temps de quitter...

Café Viva, Ste-Adèle.



lundi 25 juillet 2011

De saveurs et de couleurs




Passage obligé à Montréal, après un weekend plus que bien rempli.

"On devrait arrêter au marché Jean-Talon."

Ma nonchalance dominicale me dicte plutôt de filer illico à la maison et lézarder sur la terrasse, verre de rosé en main, mais je ne peux qu'être conquis par la force de persuasion de l'Être Aimé, que je trouve vaguement hyperactif pour un dimanche après-midi post-caniculaire.

Faisant fi de cette indolence passagère, j'acquiesce tout de même avec enthousiasme, et c'est ainsi qu'après quelques zigonnages dans les rues de Montréal (dont un à contresens dans une rue à sens unique), on se retrouve au coeur du marché, véritable festival de couleurs, d'arômes et de saveurs.

Je suis immédiatement conquis par cette atmosphère de fête. Des mammas corpulentes au fort accent méditérranéen côtoient de belles africaines dont les vêtements colorés font écho aux étals multicolores des marchands. Une femme voilée portant une montagne de sacs jette un regard inquiet sur sa marmaille qui s'éparpille dangereusement, tandis que son compagnon (non voilé), semble étranger à la situation (tant au point de vue des sacs que de la marmaille).

Carottes, ail du Québec, bleuets sauvages de l'Abitibi, oranges, poivrons, radis, laitue, raisins, fines herbes, betteraves s'accumulent dans nos sacs, au rythme du pas décidé de l'Être Aimé qui me devance en arpentant scrupuleusement chaque allée "parce que faut rien manquer".

Mon oeil s'attarde sur les sucreries, les gelatos, les pâtisseries...

Rien à faire, cette semaine on va manger santé.

On s'extasie sur la beauté des fruits, la fraîcheur des légumes. On compare avec notre supermarché préféré, qui perd pas mal de plumes en l'espace de quelques minutes.

Ne reste qu'à paqueter les sacs dans le char, filer dans le nord et finalement le déguster, ce rosé sur la terrasse.

En planifiant les menus de la semaine, bien sûr.

Et ensuite, passer au supermarché local déchu, parce qu'on a oublié le parmesan.

mercredi 20 juillet 2011

Provence-en-Québec


-"As-tu oublié l'itinéraire?"

Bien sûr que je l'ai oublié. Je prends mon air le plus cool, et réponds d'un air détaché, avec une nonchalance étudiée:

"Euh...pas vraiment, je pensais que tu l'avais..."

Bon, on retourne.

Un quart d'heure et quelques kilomètres plus tard, l'Être Aimé me dicte le trajet, avec le débit précipité d'un GPS affolé:"tourne à droite, 2e stop à gauche, continue, passe l'église, tourne à gauche, non, l'autre gauche, tu te souviens on est allé cet hiver..."

Sauf que cet hiver, il y avait 15 pieds de neige et il faisait une nuit d'encre.

On finit quand même par y arriver, quelques minutes après nos amis Nath et Phil.

Nichée dans la campagne laurentienne, la maison est avantageusement cachée de la petite route sinueuse, et dès le premier coup d'oeil, on se sent transporté dans un ravissant coin de Provence. On est ailleurs et on aime.

Pas mal, après 20 minutes de trajet.

Nos hôtes et leur chien Camelot nous accueillent avec de grands signes (nos hôtes) et des jappements (le chien). Nos gougounes crissent sur le petit gravier, et on les rejoint tranquillement (les hôtes, pas les gougounes) pour l'apéro dans la cour arrière, près de la piscine. Le décor est franchement beau, et--- j'insiste--- on se sent vraiment au pays de Pagnol.

Franche, vivante et volubile, Flo me montre son jardin, qu'elle a façonné d'une main experte, et m'explique comment conserver la lavande d'une année à l'autre, comment extraire une teinture-mère, l'abc du compagnonnage dans un potager...

Étonnante, cette Flo.

Les conversations sont joyeuses et épousent la légèreté de l'air. Les rires fusent. La soirée avance au rythme des bouteilles qui se vident (pas tant que ça, quand même), et du soleil qui termine son marathon quotidien.

Au moment où les moustiques nous confondent (qui sait?) avec les grillades, on déménage dans la cuisine d'été attenante à la piscine, que le maître des lieux a construit de ses propres mains. Habile artisan, il a patiemment donné à son home la patine d'une villa centenaire. On sent l'âme des lieux dans chaque petit détail.

La soirée avance, demain est presque là.

On rentre à la maison.

Sans besoin d'itinéraire.

(Ha oui! J'ai oublié la can de sirop d'érable bio généreusement offerte par nos hôtes, échappée par terre et cabossée par l'Être Aimé qui en examinait l'étiquette).

lundi 18 juillet 2011

Weekend


Acte I

Samedi matin 10h45. Bagages empilés dans la voiture dont la température avoisine celle d'un four crématoire. Départ en chapeaux de roue digne d'un road movie, dans la poussière d'une journée caniculaire. L'allemande boulimique avale le bitume et les kilomètres.

Halte routière qui fourmille de quebeckers bedonnants en mal de poutine et de hotdogs steamés. On avale en vitesse le divin junkfood, sur une table à pique-nique échouée entre un parking et un champ de patates, au milieu de nowhere.

Acte II

L'horizon est spectaculaire, lac cristallin dans un écrin de collines verdoyantes.

Moment star trek. On est projetés dans un paysage de fin du monde, cernés par d'inquiétantes montagnes de cendre, vestiges d'une catastrophe minière banalisée.

Destination: motel déglingué, star déchue des années '50 qui fait piteusement miroiter ses charmes de Stella Spotlight.

Acte III

Réunion familiale: un kaléidoscope de rires, de pleurs, d'émotions, de retrouvailles, d'accolades, de musique, de chaleur, d'amitié. De petits groupes se forment, se fragmentent, au fil d'anecdotes et de bonheurs partagés. Fin de soirée, adieux brefs, tendresses, chacun retourne dans sa vie.

Acte IV

Dimanche matin. On repasse le film à l'envers, à quelques variantes près. On retrouve la ville figée dans la chaleur intense de l'après-midi. Moment urbain, presqu'européen sur la terrasse familière de la pizzeria chic du quartier connu.

Fin de l'intermède urbain.

La maison nous attend, fraîche, accueillante, ouverte sur la nature.

Bonne nuit.















samedi 16 juillet 2011

Lunch impromptu


Un lunch qui se prolonge doucement sur la terrasse, donnant l'impression d'être au sommet d'un arbre au coeur de la forêt. Le soleil de juillet qui éclaire deux amis retrouvés.

Elle semble avoir traversé la vie dans une élégante facilité, mais on perçoit la vulnérabilité sous la beauté presqu'irréelle. La force intérieure derrière le regard de velours. La blessure derrière le rire cristallin.

Il la regarde avec tendresse, et chaque regard est riche de mille souvenirs, de complicités retrouvées. Elle le regarde, étonnée de le retrouver dans la splendeur de sa maturité. Sa main solide caresse son bras, et il se veut rassurant, protecteur. On la sent fragile, émue. C'est beau.

Ils retrouvent la trame d'une vie cassée, entre le rosé et le café.

Un instant de musique, et je sens leurs yeux qui brillent, leurs âmes qui dansent au fil d'une mélodie.

Ils repartent dans la moiteur d'une fin d'après-midi, laissant derrière eux l'empreinte de deux êtres à jamais transformés.


jeudi 14 juillet 2011

Doulce France...


Chaque fois c'est le début d'une aventure fascinante...

Partir au coucher du soleil, vivre l'aurore au beau milieu de la nuit, et découvrir du haut des airs la campagne française qui s'éveille doucement, me retrouver Place de l'Étoile, humer un matin parisien, le cerveau embrumé et l'esprit décalé...

Goûter ces premiers instants en sol français.

Tantôt jeune étudiant en stage d'été à Saint-Germain-en-Laye, quelquefois touriste en Provence, voyages-éclair à Paris, j'ai eu la chance de pouvoir tomber en amour avec ce pays magnifique où tant me reste encore à découvrir...

...Marcher les marchés, humer le pain, arrêter au gré des cafés, écouter le contrepoint incessant des conversations...

...Une abbaye, un champ de lavande, un village aux rues sinueuses où il fait bon se perdre...

La France, c'est observer en cinémascope le présent et le passé entrer en collision, dans un diamant aux facettes infinies...

Bonne Fête les Français!


dimanche 10 juillet 2011

Matin d'été


La nuit a été fraîche. Les ombres de la forêt se sont dissipées dans une brume matinale, chassées poliment par un soleil de juillet qui s'impose.

Café fraîchement moulu qui répand son arôme en contrepoint avec le parfum de la nature qui s'éveille, en filigrane avec le chant des oiseaux...

Bruissement léger des feuilles qui oscillent timidement dans la lumière naissante, souffle d'air qui s'invite par la porte entrouverte...Un rayon de lumière s'infiltre, éclaboussant deux coupes de vin abandonnées la veille sur la table, souvenirs d'une conversation nocturne...

Dans quelques heures ce sera le zénith, la chaleur reprendra ses droits, la maison bourdonnera d'activité.

Instant de bonheur dominical saisi à l'aube d'un matin d'été...

Bon dimanche!

vendredi 8 juillet 2011

Responsabilité...

Dans le débat d’idée (et d’émotions…) très vif qui entoure le verdict de non-responsabilité criminelle de Guy Turcotte, je remarque deux tendances : l’une composée d’individus qui diabolisent les jurés et le système judiciaire en général, et l’autre de gens qui respectent le jury qui a « fait son travail à la lumière des preuves et des faits présentés. »

Je n’étais pas présent au procès.

Je ne suis pas un spécialiste du droit ni un expert en santé mentaie.

Je ne connais pas tous les faits.

Mais je ne comprends pas le verdict.

Je peux certainement comprendre qu’il ait été dicté par des faits, mais aussi par des opinions (très polarisées…) d’experts en santé mentale, et aussi par une façon certainement très habile par la défense de présenter des faits. Les plus grands avocats sont d’habiles vendeurs et manipulateurs de foules, et leur habileté à manier le verbe peut influencer un jury à voir blanc, ou à voir noir. Presque tout est dans la dialectique.

…Rien n’est tout blanc ou tout noir, et il y a toujours des zones pouvant porter à interprétation, comme dans le cas de la maladie mentale. Ce que je m’explique mal, c’est l’élasticité de la notion de responsabilité.

Un conducteur en état d’ébriété qui tue quelqu’un est-il responsable du fait que son système nerveux ne répondait pas adéquatement au moment du drame?

Oui.

Un adulte surveille un enfant près d’une piscine, a une distraction et l’enfant se noie. Est-il responsable?

Oui.

Cet homme qui a tué ses deux enfants est-il responsable? Je le pense. Responsable de leur mort, parce que responsable de n'avoir pas su endiguer l’enchaînement des événements qui ont mené à ce drame. Oui, quelque chose a basculé dans le cerveau de cet homme. C’est indéniable. Mais cela n'enlève rien à la notion de responsabilité.

Je termine ce billet en citant Isabelle Gaston :

« …les adultes n'ont pas de droit de vie ou de mort sur les enfants. Ils n'ont pas le droit à une quelconque violence. Et ce, peu importe les conflits et les tourments qu'ils pourraient eux-mêmes avoir dans leur vie. »