
C'était mardi, au petit matin, Station Centrale à Montréal.
J'étais assis près d'elle, sur un banc minuscule et austère, dans l'atmosphère loser de ce lieu de transit sordide et peu invitant. Je devinais son inquiétude... Suis-je au bon endroit? Vais-je rater mon autobus? Elle se rassure en me montrant la destination inscrite sur son billet. Je la rassure d'un sourire et en lui montrant mon billet qui indique la même destination. Son regard s'illumine et je la sens soulagée d'un poids immense.
Elle a le regard franc, le visage sillonné de toutes les expériences d'une vie, un sourire généreux et vrai qui a traversé près d'un siècle. Elle me montre une photo de sa fille qui vit en Ontario. Elle a un cancer, je voudrais bien lui donner un morceau de moi-même pour qu'elle guérisse. Un itinérant nous interpelle...Sans hésitation elle lui donne un billet de 5$. C'est effrayant d'avoir faim, ça devrait donc pas exister.
Elle s'appelle Fleurette, et elle a changé, un tout petit peu, mon regard sur la vie.